Être amoureux(se) de son psychothérapeute

Est-il normal d’être amoureux ou amoureuse de son psychothérapeute?
Je suis une femme et je crains de consulter un homme psychothérapeute
car je crains d’en tomber amoureuse. Ai-je raison d’avoir peur?
Je peux vous répondre oui et non à cette question, car tout dépend de la compétence de votre psychothérapeute à intervenir dans le cas d’un transfert., ou ce que vous appelez « être amoureux de son thérapeute ».

Le tranfert du client sur le psychothérapeute est un phénomène tout à fait normal et même souhaitable du moins dans l’orientation psychanalytique et certaines approches humanistes. Dans l’orientation cognitive-behaviorale c’est un phénomène que l’on ignore ou même combat même activement. De toute façon une intervention d’aussi courte durée permettrait difficilement de traiter adéquatement un phénomène aussi complexe et difficile à traiter.

Ainsi, c’est un phénomène tout à fait usuel et utile dans une psychothérapie à long terme qu’un client tombe amoureux de son thérapeute. Ce qui se passe à ce moment c’est que le client voit dans son thérapeute la personne possiblement capable de répondre à tous les besoins parentaux importants dont il a été privé. Mais parfois, aussi il peut s’agir d’un transfert négatif, le client confond son « mauvais » parent avec le psychothérapeute et ressent à son endroit les mêmes sentiments qu’il a toujours ressenti envers ses parents frustrants.

Le défi pour le psychothérapeute ici, c’est de pouvoir traiter ce problème comme intra- personnel d’abord. Comme quelque chose à règler dans l’histoire du client dans sa relation avec ses parents.

Ce qui devient problèmatique c’est lorsque le psychothérapeute traite ce problème comme si c’était vraiment lui qui était conçerné dans ce problème. Lui, que le client aime ou déteste! Si c’est le cas, ça devient alors très confondant pour le client qui croit se retrouver dans une véritable relation amoureuse. Et là dans le meilleur des cas le professionnel respectera son code de déontologie en refusant de s’engager dans des échanges sexuels avec son ou sa cliente, ou malheureusement il succombera à cet élan amoureux qu’il lui croit adressé et il en résultera toutes les blessures que l’on connait dans ce genre de rapports.

Dans ce cas le dommage fait à la cliente ou au client équivaut à ceux qui résultent d’une relation incestueuse. Ici le psychothérapeute doit conserver son rôle de professionnel équivalent d’une « bonne » figure parentale. Il peut accueillir et tenter de comprendre les « désirs incestueux » du client ou de la cliente, mais ne jamais y succomber!

Il est donc très important si vous avez ce genre de peur en abordant une psychothérapie, de vérifier, soit auprès de vos références ou auprès du psychothérapeute lui-même, quelles sont ses positions par rapport au phénomène du transfert en psychothérapie. A t-il été formé adéquatement pour traiter ce genre de situations?

En communiquant avec l’Ordre des psychologues du Québec, il est possible de savoir si votre psychothérapeute « potentiel » a déjà été poursuivi pour ce genre de faute. Il ne faut pas prendre pour acquis que tous les psychothérapeutes qui ont « fauté » dans ce sens ont été poursuivis. Mais souvent la réputation autour d’un tel psychothérapeute se bâtit rapidement quoiqu’il faille être prudent si c’est à tort ou à raison…