Les genres de psychothérapie

Il n’est pas facile de s’y retrouver parmi les nombreux genres de psychothérapie qu’on nous propose. Le nombre « d’approches » définies jusqu’à maintenant est si élevé qu’on a cesser de compter depuis longtemps. Comme, en plus, certains thérapeutes se définissent par une technique particulière (comme l’hypnose), plutôt que par une approche complète (comme la Gestalt), même les spécialistes n’arrivent pas toujours à s’y retrouver.


Des réponses différentes à des besoins différents
 

Pour s’orienter dans ce dédale, il est utile de savoir que ces multiples façons de faire de la psychothérapie se regroupent en trois courants fondamentaux. Chacun de ces courants est bien différent des deux autres. Il s’appuie sur une vision différente de la vie humaine, des problèmes psychiques, de leur résolution et de l’aide professionnelle appropriée. Chacun donne par conséquent des résultats très différents.

Selon ce qu’on attend de la psychothérapie, on peut choisir un thérapeute dont les objectifs et les méthodes vont dans le sens de ce qu’on recherche. C’est par le courant général auquel il se rattache qu’on peut le plus facilement prévoir les genres de résultats qu’un professionnel nous aidera à obtenir.


Trois courants de pensée fondamentaux
 

Les trois orientations fondamentales sont bien connues: il s’agit des courants psychanalytique, behavioriste et humaniste. Ces trois courants sont reconnus partout comme des formes de psychothérapie qui sont profondément différentes.

Dans certains milieux on considère qu’il existe un quatrième courant: la thérapie systémique. Nous estimons qu’il est plus exact et plus utile de considérer que la thérapie systémique correspond à une cible de travail (le « système » que constitue une personne avec son environnement) plutôt qu’à un courant de pensée fondamental. En examinant la pratique des thérapeutes systémiques que nous connaissons, il nous apparaît clairement qu’on peut faire de la thérapie systémique d’une façon qui correspond à chacune des trois orientations fondamentales.

Certains psychothérapeutes ne se rattachent pas à un de ces courants et se disent « éclectiques ». Ils empruntent à n’importe quelle approche les moyens qu’ils estiment les plus appropriés selon le problème qu’on leur présente. Avec ces professionnels, il est difficile de savoir dans quoi ils excellent vraiment, car ils ont consacré leur formation à l’acquisition de techniques qui relèvent de plusieurs approches et plusieurs courants. Nous estimons qu’un psychothérapeute qui s’est spécialisé dans un courant (et même dans une approche) a plus de chances de maîtriser ses outils d’intervention et les habiletés qui y correspondent. Il devrait donc être plus habile, mais dans un genre d’intervention plus limité.

Mais l’approche ou la technique particulière utilisée par un psychothérapeute est en fait relativement peu importante pour la personne qui consulte. Ce sont des subtilités de spécialistes qui distinguent les multiples approches; on n’a pas besoin de s’en soucier pour choisir le spécialiste auquel on aura recours. Il suffit de choisir le genre de résultat qu’on veut obtenir pour identifier les thérapeutes qui ont des chances de nous convenir.

Il ne s’agit pas du seul critère à respecter, mais il est primordial car il permet de choisir quelqu’un qui travaillera d’emblée dans le sens de ce qu’on recherche. Les autres critères viendront compléter en nous assurant qu’on a affaire à quelqu’un de qualifié ainsi qu’à quelqu’un dont la personnalité et le style nous conviennent. (Voir la fiche « Comment choisir un psychothérapeute ».)


Le courant psychanalytique
 

Créé il y a plus d’un siècle par Sigmund Freud, ce courant est encore celui qui domine largement en Europe. Au Québec, il regroupe 27% des psychologues qui pratiquent, à égalité avec le courant humaniste (29%). Il englobe plusieurs écoles de psychanalyse, mais également une variété d’approches de psychothérapie psychodynamique ou psychanalytique.

Selon le thérapeute du courant psychanalytique, la personnalité se forme surtout à travers les expériences de l’enfance, particulièrement le refoulement dans l’inconscient des expériences trop menaçantes que l’enfant ne peut assumer. C’est principalement dans les relations avec les parents que se déroulent ces expériences et que se développent les solutions qui s’appuient sur le refoulement des pulsions et des sentiments qui en découlent.

C’est donc dans ces expériences refoulées de l’enfance que se trouve la clé des symptômes actuels. C’est en explorant l’inconscient qu’on parviendra à redécouvrir ces causes premières. Une fois qu’on a repris contact avec ces forces secrètes qui nous font agir, il devient possible de mieux les contrôler et de les empêcher de déterminer notre comportement et notre expérience.

Le but d’une thérapie de ce genre est avant tout la connaissance et la compréhension de ce qui se passe en nous. Le changement personnel ou la disparition du symptôme qui nous a amené en thérapie peuvent survenir comme un cadeau, mais n’ont rien de garanti. Il s’agit plus d’un effet secondaire que d’un but directement visé.


Le courant behavioriste
 

Ce courant est issu des recherches sur l’apprentissage et le conditionnement. À partir des découvertes faites en étudiant les animaux, les chercheurs ont compris les processus fondamentaux qui permettent d’apprendre et d’oublier.. En examinant les humains à partir de ces processus, on en est venu à croire que les problèmes et les symptômes psychiques pouvaient être considérés comme des apprentissages problématiques qu’il était possible de remplacer par de nouveaux apprentissages plus appropriés.

Pour le psychothérapeute behavioriste, l’essentiel est de bien identifier les réactions qu’on souhaite éliminer et les nouvelles réactions par lesquelles ou veut les remplacer. Une fois cette cible de travail bien définie, il suffit de provoquer un processus d’oubli des anciennes réactions et d’apprentissage des nouvelles pour résoudre le problème et éliminer le symptôme.

On ne se soucie donc pas de découvrir les causes profondes du problème, mais bien de le faire disparaître aussi directement et rapidement que possible. Peu importe qu’on comprenne pourquoi, pourvu que le but soit atteint. C’est le problème qui est la seule vraie cible du travail et on cherche à le régler le plus rapidement possible.

Au début, on s’appuyait sur une forme de conditionnement systématique pour faire disparaître les symptômes. Maintenant, les processus intellectuels sont beaucoup plus impliqués dans la recherche des solutions. C’est pourquoi on parle de plus en plus des approches cognitives- behaviorales au lieu de parler de behavioristes.


Le courant humaniste
 

C’est en réaction aux deux précédents que Carl Rogers et Abraham Maslow ont créé, aux environs de 1960, une « troisième force » dont l’accent principal porte sur le développement du potentiel humain. Refusant de considérer la personne comme déterminée par ses expériences passées, ils ont voulu redonner à la personne le pouvoir de déterminer son cheminement. En réaction à l’accent mis sur le problème à résoudre, ils ont voulu créer une thérapie centrée sur le client en tant que personne.

Le psychothérapeute humaniste considère que c’est la personne elle-même qui doit être au coeur de la démarche thérapeutique. C’est l’épanouissement de la personne dans son ensemble qui est la cible de travail fondamentale. Le problème particulier qui l’amène à consulter est considéré comme la manifestation d’une difficulté de vivre et une occasion de résoudre un problème plus fondamental dont les conséquences sont beaucoup plus larges.

Typiquement, le thérapeute humaniste invitera son client à orienter lui-même la démarche en y apportant ses préoccupations les plus importantes et en recherchant un équilibre qui soit plus satisfaisant. La liberté de choix du client est donc au centre de la démarche, tout comme sa capacité de connaître ses besoins véritables et de les satisfaire.

La psychothérapie humaniste vise donc un changement en profondeur qui affecte l’ensemble de la vie de la personne. Les résultats touchent habituellement la façon de vivre elle-même, dans toutes les situations de la vie quotidienne. L’accent est toujours mis sur l’expérience vécue présentement plutôt que sur les expériences passées.


En bref…
 

En résumé, il est essentiel de s’interroger d’abord sur ce qu’on attend surtout de la psychothérapie. Une fois qu’on a identifié clairement ce but, on peut identifier le genre de thérapie qui nous conviendra le mieux.

On choisit un thérapeute d’orientation behavioriste si on veut:

o

    • des résultats aussi

rapides

    • que possible

o

    • sur un point

précis

    • et bien identifié

o

    • sans changer autre chose dans la mesure du possible.

On pourrait comparer cette démarche à celle que nous entreprenons lorsque notre véhicule est défectueux: on cherche le spécialiste capable de résoudre ce problème particulier le plus efficacement possible.

On choisit un thérapeute d’orientation psychanalytique si on veut:

o

    • mieux se

comprendre

    • ,

os’explorer

    • à fond,

ovoir clair

    • dans les forces qui nous font agir

o

    • comprendre

l’origine

    • de nos problèmes.

On peut comparer cette démarche à celle qu’on entreprend lorsqu’on veut devenir spécialiste d’un domaine. On cherche l’endroit qui nous permettra d’apprendre tout ce qu’il y a d’important sur la question.

On choisit un thérapeute d’orientation humaniste si on veut:

ochanger notre façon d’être

    • ou de vivre de façon importante et durable,

o

    • devenir capable de

vivre plus intensément

    • et plus ouvertement,

o

    • découvrir une façon

plus épanouie

    • d’être soi-même,

oapprendre à résoudre

    • les problèmes que la vie nous apporte.

On peut comparer cette démarche à celle qu’on entreprend lorsqu’on part à la découverte d’une nouvelle réalité (nouveau pays, nouvelle personne). On choisit d’emblée de vivre une expérience dont on sortira changé, en possession d’une richesse encore inconnue au départ.

 


Un choix personnel important
 

En choisissant en fonction de ce qu’on recherche réellement, on se donne une meilleure chance de sortir satisfait de sa psychothérapie. C’est comme lorsqu’on choisit le plat qui nous attire vraiment au restaurant: les chances d’en sortir satisfait sont plus fortes que si on choisissait au hasard ou si on se fie aux préférences de la personne qui nous accompagne.

Chaque thérapeute compétent est spécialisé dans une façon d’intervenir et il peut sans difficulté vous indiquer à quelle orientation il s’identifie. Si on lui demande de nous aider de la façon qu’il maîtrise le plus, il pourra être excellent, mais si on attend autre chose, il ne pourra être à la hauteur, quelle que soit sa compétence.